
Croquis de janvier
Tout est dur, clair, sans voix, et mort ;
l'hiver est fermé comme un livre.
On dirait que la vie a tort
de vouloir encor vivre.

Le fleuve est pris ; le ciel si bas
pèse sur les étendues blanches...
Un oiseau pourtant chantera
en avril, dans les branches.
Guy-Charles Cros ("Avec des mots" - éditions L'artisan du Livre, 1927)

Pour certaines personnes, l’hiver est une saison difficile à passer et à éviter
par tout les moyens possibles. Pourtant, il s’agit d’une saison visuellement
magnifique à cause de la neige et des paysages à couper le souffle qu’elle
procure à la nature.

Ci dessous le lien où j'ai trouvé toutes ces magnifiques photos
au fil de mes recherches pour ce billet sur le paysage en hivers



Ce doux hiver qui égale ses jours
Ce doux hiver qui égale ses jours
A un printemps, tant il est aimable,
Bien qu’il soit beau, ne m’est pas agréable,
J’en crains la queue, et le succès toujours.
J’ai bien appris que les chaudes amours,
Qui au premier vous servent une table
Pleine de sucre et de mets délectable,
Gardent au fruit leur amer et leurs tours.
Je vois déjà les arbres qui boutonnent
En mille noeuds, et ses beautés m’étonnent,
En une nuit ce printemps est glacé,
Ainsi l’amour qui trop serein s’avance,
Nous rit, nous ouvre une belle apparence,
Est né bien tôt bien tôt effacé.
Théodore Agrippa d’Aubigné


Mon ami l'hiver Paysage d'hiver
Les fils conducteurs d'énergie,
demeurent pour l'intant orphelins,
Les oiseaux migrateurs enfuient
Depuis peu en des pays lointains
Le linceul d'organdi soupoudré
Sur les plaines endormies et les prés,
Nul ne peut rompre ce silence,
La nature engourdie est en suspense
L'hiver accomplit son ouvrage,
Tue les vermines, repose la terre,
Hiberne les bêtes sauvages,
Offre à la vue un paysage lunaire
Même si cette saison me glace,
Aucune méchanceté il y a,
Son rôle est de tenir sa place
C'est inscrit dans ce temps-là
Les seuls, les malheureux, souffrent
De la misère, d'un long hiver,
A qui la faute ? pas aux saisons !
A la malchance, à l'abandon
lusile17

Il a neigé
Il a neigé la veille et, tout le jour, il gèle.
Le toit, les ornements de fer et la margelle
Du puits, le haut des murs, les balcons, le vieux banc
Sont comme ouatés, et, dans le jardin, tout est blanc.
Le grésil a figé la nature, et les branches
Sur un doux ciel perlé dressent leurs gerbes blanches.
Mais regardez. Voici le coucher de soleil.
À l'occident plus clair court un sillon vermeil,
Sa soudaine lueur féérique nous arrose,
Et les arbres d'hiver semblent de corail rose.
De François Coppée (1842-1908),

Quand dehors le froid sévit
Le paysage givré se pare de féeries
Partout des cristaux pailletés
Etincellent dans cet univers enchanté
La neige agrémente d'un blanc manteau
Toute la campagne d'un vêtement nouveau
La nature dort d'un sommeil engourdi
Les animaux affamés cherchent un abri
Les cheminées d'ou s'échappent la fumée
Réchauffent la froideur des maisons glacées
Les vétérans transis attendent le renouveau
Les enfants joyeux sortent leurs traîneaux
Le village entier résonne de leurs cris
Qui égayent l'hiver endormi.
Trouvé sur le net

Je la connais !
L’égratignure du vent
Sur un miroir d’eau
Dans un décor de roseaux
Je la connais

La signature de l’oiseau
Sur le livre du ciel
Relié de nuages
Je la connais

La morsure de la mer
Dans le sable du rivage
Que recouvre la marée
Je la connais

La gerçure du froid
Sur mes mains vagabondes
Gantées de cheminements
Je la connais.
(Jean-Baptiste Besnard)
